06 mai 2008

En réponse aux abolitionnistes


Elle est arrivée bien à point finalement cette corrida de Dolores Aguirre. Elle est arrivée d’autant plus à point qu’il y a très longtemps qu’il ne nous avait pas été donné de voir une course mêlant à ce point force, puissance et mobilité. Elle est arrivée un peu comme un argument de poids à opposer aux prétentions des abolitionnistes du tercio de piques*. Je ne rentrerai pas ici dans l’appréciation de la mansedumbre et de la caste de ces toros. Car, au bout du compte, les leçons que nous pouvons tirer de cette après-midi peuvent très bien ne pas se limiter à des appréciations purement taurines.
Le plus remarquable, au final, ce fut la force de ces toros qui n’ont pas été sans me rappeler quelques anciens pensionnaires du curé de Valverde. Eh oui, messieurs les abolitionnistes du tercio de piques, on peut avoir la force et le moral de supporter les châtiments dont nous avons été les témoins dimanche, puis faire preuve de mobilité et même d’une certaine noblesse, sans oublier la vivacité. Car un toro, c’est avant tout un animal puissant. C’est bien connu, et il ne fait aucun doute que dans l’imaginaire collectif un taureau c’est fort, d’où l’expression populaire « fort comme un taureau ». Vous allez me dire que je n’ai rien inventé. Certes, mais ne riez pas, encore faut-il oser le rappeler !
Nous pouvons même considérer qu’il s’agit d’un acquis mondial, planétaire. Toute la planète est au courant, de l’Australie aux States, en passant par la Chine et même le Tibet. Ils sont tous informés. Toute la planète le sait : une des caractéristiques essentielles et principales du toro est sa force. Et il n’y a que quelques taurins pour nous affirmer, nous expliquer, sans rire, le contraire...
Et quelle curiosité finalement que de devoir constater, aujourd’hui, que ceux qui veulent enlever sa force au toro, ce sont justement des gens de chez nous, les abolitionnistes du tercio de varas, les promotteurs du toro artiste.
Quel étrange concept décidément que celui de ce toro moderne que l’on tente de nous imposer, et qui, par définition, ne sera jamais fort comme un taureau... Sauf évidemment à considérer que la force du toro n’est plus aujourd’hui qu’un détail de l’Histoire. Tout est évidemment envisageable. Tout est à craindre.
La prochaine fois que vous entendrez ou lirez un taurin vous expliquer qu’un toro artiste, un toro d’aujourd’hui et plus encore de demain, n’a logiquement pas la force de recevoir à peine plus qu’un petit simulacre de mono picotazo, alors vous penserez peut-être à l’expression populaire planétaire « fort comme un taureau ». Dimanche dernier ce sont les pupilles de Madame Dolores Aguirre qui nous ont rappelé cette expression, et avec bonheur. Encore merci, Madame.

* Expression assez savoureuse je trouve, empruntée à un commentaire anonyme laissé sur ce blog et que je fais volontiers mienne. D’ailleurs, au passage, même en anonyme, soyez assez gentils de vous inventer un pseudo pour signer la fin de vos commentaires, comme moi avec SyS. Ça personnalise la chose et c’est tout de même plus convivial.