17 mai 2012

Más daño que una hipoteca


Cette saloperie de différentiel de taux d'intérêts entre les obligations d'État allemandes et espagnoles a encore pris une énorme gifle aujourd'hui… L'investisseur apeuré par les Grecs, l'incertitude, l'investiture de Hollande et la perte de pouvoir de Merkel se chie tellement dessus qu'il ne jure plus que par la bouée de marbre que constitue le Bund1. Moralité, on vend tout ce qui n'est pas allemand et les Espagnols, les Italiens et tous les autres s'endettent toujours plus cher sur les marchés. À un moment donné, cette crise qui fait tomber les banques, les illusions et les toros (si, si) finit par quitter les écrans Bloomberg pour alourdir le quotidien du quidam castillan, et fait irruption sur les tendidos des arènes les plus reculées. Au moins, on rigole deux minutes. Cenicientos, août 2011 : un quelconque Peñajara ou Alcurrucén se fait assaisonner à la pique à plusieurs reprises, un voisin s'écrit : « ¡Haces más daño que una hipoteca! »2. Le jour où un Espagnol, de la vingtaine sur cent qui ne bosse pas, voudra gagner des sous, il pourra toujours faire un best-seller avec les brèves de tendidos. On en parlera ici. 

Cette crise est partout ; on l'entend, la lit, la voit ou la constate dans les gradins, les reseñas, les rues de Séville ou le regard des toros… Certains imaginent, les soirs d'ennui à Las Ventas, qu'une fois le frigo vide, les jeunes toreros se donneront un peu plus de mal en piste ; d'autres se perdent en statistiques. Les régions agonisent de leur aspirations à la splendeur passée, le nombre de spectacles taurins s'effondre(rait). Et l'on ne parle même pas de l'intérêt des courses…

¡Cenicientos! ¡Cenicientos! El Dorado de poussière… J'ai ce soir une inexplicable nostalgie. 

1 Le Bund est le petit nom de l'obligation d'État allemande, référence absolue dans la zone euro.
2 Tu fais plus de mal qu'un crédit immobilier !


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